Billets d'humeur

Heureusement, j’avais un plan B…

Quand j’étais môme, je voulais être championne de jumping.

Ou violoniste professionnelle.

Mon premier rêve s’est brisé assez tôt. Dès mon premier cours de saut, en fait. J’ai tout simplement détesté. Le cheval que je montais est passé au-dessus d’une barre placée à vingt malheureux centimètres du sol. Et il s’est retrouvé de l’autre côté tout seul. Moi, j’étais étendue sur le sable de la piste, les larmes aux yeux et l’épaule en compote. J’ai passé l’heure de cours à tester l’adage selon lequel il faut remonter en selle chaque fois qu’on tombe. Et aussi à vérifier que le ridicule ne tue pas.

jumping

Mon deuxième rêve s’est cassé la figure lui aussi. J’y avais pourtant consacré beaucoup d’énergie. J’étais en cinquième secondaire, je terminais ma neuvième année de violon. À ce stade-là, je ne jouais plus de mon instrument: je le travaillais. Je me souviens avoir bossé pendant des mois comme une cinglée pour mon examen. Je devais être accompagnée par mon ancien prof de solfège, un pianiste génialissime. Sauf qu’il s’est pointé le jour J en pensant que c’était moi qui avait ses partitions. Alors qu’il m’avait demandé de les déposer dans sa boîte aux lettres la veille. J’ai eu beau y mettre toutes mes tripes, orpheline de son piano, ma Méditation de Thaïs n’a pas convaincu le jury. J’en suis ressortie dégoûtée et j’ai quitté l’académie de musique. C’est ballot, il me restait juste un an avant d’entrer au conservatoire.

Heureusement, j’avais un plan B. Qui s’est avéré aussi chouette que le plan A, finalement.

J’adorais les langues, j’adorais le français. J’ai donc opté pour des études supérieures qui me permettraient de concilier les deux. Ainsi, depuis maintenant quinze ans, j’exerce un métier que j’aime et qui me permet d’assouvir ma passion des mots. Je suis tellement heureuse de pouvoir écrire “métier” et “passion” dans la même phrase. Je suis consciente que c’est une véritable chance.

Mais je pense souvent à cette chanson de Goldman, qui parle d’un cordonnier sans rien d’particulier, qui faisait des souliers si jolis si légers que nos vies semblaient un peu moins lourdes à porter. Les paroles défilent et le refrain me porte à chaque fois un coup au cœur. Parce que moi aussi, je voudrais changer la vie.

Alors je regrette un peu de ne pas être enseignante, gynécologue, pompière (je ne sais même pas si ça existe), coiffeuse, psychologue, coach sportive, gardienne d’enfants, massothérapeute, pâtissière, diététicienne, assistante sociale, infirmière… je ne sais pas moi, un métier qui compte vraiment. Un métier où l’on peut transmettre une petite part d’humanité, sauver des vies, aider des gens, élever leur âme, soigner leur corps, ensoleiller leur existence.

L’idée n’est pas de m’en gargariser.

Le but est d’être utile, d’apporter ma petite contribution, de faire ma part de colibri.

Mais je suis une horrible pédagogue, je ne sais pas mettre des bébés au monde, j’ai le vertige sur un escabeau, je n’ai jamais coupé que les cheveux de mes poupées, je n’ai pas étudié la psycho, j’ai moi-même besoin d’être coachée sur le plan sportif, je suis mal à l’aise avec les enfants, j’ai l’impression qu’une masseuse asiatique ça fait cliché (ou cochon), j’aime faire des gâteaux uniquement quand je peux les manger, je trouve que l’alimentation la plus merveilleuse est celle où il y a du chocolat le matin, le midi et le soir, je n’ai aucune expérience dans le social et j’ai déteste la vue du sang.

Plutôt mal barrée pour changer des vies, du coup.

Alors c’est pour ça que j’écris.

Pour toucher, partager, échanger, dédramatiser, amuser, émouvoir.

Vos commentaires m’indiquent que je suis sur la bonne voie. Grâce à vos remerciements, vos mots gentils, vos réflexions, vos partages d’expérience… j’ai l’impression de faire quelque chose d’un peu utile.

Bon, je ne m’emballe pas trop non plus.

Je ne pense pas que mes billets vous changent la vie. Mais en tout cas, ils changent la mienne. Et c’est déjà bien.

 

Elise, en 1.500 signes et plus
Pour Zelles Ô Féminin.

Zelles

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