J’ai une amie qui aime aller visiter des jardins. Avant de la connaître, je ne savais même pas que ça se faisait. Mais lorsqu’elle en parle, j’ai l’impression que ces moments-là sont un tel ravissement pour les yeux et les cœurs que j’ai eu envie de tenter l’expérience. Mais où aller? C’est que je ne connais personne qui ouvre les portes de son jardin, moi. Personne? Ah mais si. Il y a cette ancienne condisciple de l’unif qui ouvre son jardin et vend des articles pour décorer son petit coin de verdure.
Elle habite loin, certes. Mais samedi, nous étions invités quelque part à cinq minutes de chez elle. Et nous avions une grosse demi-heure d’avance. C’était un signe, non? Il ne fallait pas rater cette occasion. C’est ainsi que nous nous sommes retrouvés à Givry chez Quintessence.
Nous étions à peine dans l’allée que je commençais déjà à m’extasier. À travers les fenêtres, j’apercevais et je devinais mille et une petites choses adorables. Parce qu’en plus du jardin, toute la maison est ouverte aux visiteurs et chaque pièce présente des bijoux, des objets déco, des stickers, des foulards, des sacs. Le pays des merveilles, quoi.

Soudain, la maîtresse des lieux est apparue. Souriante et chaleureuse comme dans mon souvenir. Durant notre accolade me sont revenus en flashs le bouquin jaune que nous avons dû étudier il y a près de vingt ans, notre prof de traduction juridique aussi effrayante qu’élégante, le couloir des examens oraux où l’on attendait notre tour en tremblant. Ces moments communs qui font toujours partie de moi. Et d’elle, j’imagine.
Ensuite, nous avons visité son jardin, parsemé d’objets à vendre tous plus charmants les uns que les autres. J’ai failli craquer pour des faux coquelicots à planter dans la pelouse, d’une délicatesse absolue. Ou pour d’adorables champignons rouges à pois blanc. Nous nous sommes régalés de la mélodie des carillons. Je suis restée admirative devant un cotinus et un sambucus, deux arbustes de couleur poupre (on ne se refait pas…). La végétation en elle-même était merveilleuse. La mise en scène avec la décoration lui apportait des airs tantôt zen tantôt romantiques. Mais ce qui m’a le plus touchée, c’est la douceur et la poésie de l’endroit.
Quand je vois des choses qui me semblent hors de ma portée, je ne peux pas m’empêcher de me demander “mais comment arrive-t-on à faire ça?”. Le chéridam m’a dit “il n’y a pas de secret, c’est un métier”. J’ai pensé avec une certaine amertume que, justement, la jardinière en question a suivi les mêmes études que moi, pour exercer le même métier que moi. Comment diable a-t-elle pu trouver dans notre cours d’économie politique ou de linguistique des indications pour faire pousser un aussi joli jardin? Y avait-il une annexe cachée à notre cours d’histoire des civilisations expliquant comment prendre soin des plantes?
Et puis j’ai compris qu’il avait dû y avoir d’autres ingrédients dans la recette. L’envie. Le désir de créer et de partager. Beaucoup de travail, très certainement. L’amour du beau. Un œil particulier pour dénicher des objets un peu partout et les rassembler afin de créer un univers cohérent. Et puis sûrement du talent et du cœur.
J’avais envie de tout acheter. Un gong, par exemple. Pour remplacer notre traditionnel “Les enfants, à table!”. Il m’a semblé que ça aurait une classe folle. Et que ça irait parfaitement avec notre carillon géant qui joue sa mélodie divine au gré du vent. Puis, en y réfléchissant bien, ça m’a semblé un tout petit peu trop excentrique pour moi. En pénétrant dans la maison, nous avons découvert avec ravissement des autocollants muraux à message qui ont fait craquer la grande marguerite. Il y avait aussi un foulard composé de minuscules motifs fuchsia, bleus et orange qui, par je ne sais quel tour de magie, donnait l’impression d’être violet. Il a fini autour de mon cou. Puis une suspension composée d’une spirale entourant une boule de verre et créant un effet fascinant. Elle ornera notre balcon dès le retour du soleil. L’endroit proposait encore plein d’autres articles, tous plus jolis les uns que les autres.
J’ai adoré visiter ce jardin et cette maison. J’ai adoré revoir mon ancienne condisciple et la découvrir épanouie dans cette activité, avec son chéri. Mais ce que j’ai aimé par-dessus tout, c’est découvrir un endroit et des gens qui respirent autant la passion.
Merci à Elise, en 1.500 signes ou plus. pour ce bel article très vert 🙂
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Jardins en pays de Liège c’est un groupe de jardiniers amateurs mais passionnés, qui, sous l’égide de l’asbl « Enfants d’un même Père » ouvrent leur jardin au public, pour soutenir les initiatives de cette asbl.

« Jardins ouverts » asbl est la référence des amoureux des jardins qui sillonnent la Belgique, villes et campagnes, à la découverte des jardins privés qui entrouvrent leurs portes tout au long de la belle saison d’avril à fin novembre.
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